L’exposition Réplique, projet de trois des artistes représentés par la galerie MICA, Franck Chauvet, Karim Ould et Muriel Taragano, est une initiative de cette dernière. Elle donne à voir et amplifie des échos entre leurs pratiques. Dès la conception, rebonds, renvois, croisements et dérives ont été des logiques stimulantes pour faire dialoguer œuvres et pratiques qui se donnent ici la réplique. Chacun pratique le dialogue avec les monstres sacrés de l’histoire de l’art. Nul désir de tuer le père mais plutôt l’envie de faire avec, de s’en accommoder voire d’accommoder des figures tutélaires telles Duchamp ou Hains, de manière évidente ou plus discrète.  

Moulages d’emballages déjà-là, tréteaux achetés en grande surface de bricolage, récupérations de plots en béton, objets photographiés dans leur lieu de trouvaille, ils jouent avec la dimension auctoriale ambigüe des pièces présentées. Souvent (sur)chargées de références, ils rendent l’attribution ardue tant ils les font jouer dans une grande connivence.  

Comme l’avion freine à l’atterrissage par inversion de la poussée, ils pratiquent chacun à leur façon une inversion des valeurs, une forme de « subversion douce », dit Muriel Taragano, dans la critique de notre économie capitaliste. Une esthétique du creux, de l’enveloppe, nourrie par la pratique de l’emprunt et de l’empreinte, du moulage et de la citation où les artistes poussent leurs logiques procédurales jusqu’à leur propre épuisement.  
Cette exposition formule une proposition assez rhizomatique. Le commissariat assuré collectivement, en dialogue avec Michaël Chéneau, a permis d’aller au-delà des logiques individuelles et invite les spectateurs à naviguer d’une référence à une autre, d’un artiste à un autre.  
 
Une invitation à jouer à notre tour ! 
 


Philippe Dorval, mars 2016, Rennes 

Le Blog de Philippe Dorval